Congrès du FN : guerre de succession.

Publié le par npa

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Le quatorzième congrès du FN qui se tiendra à Tours les 15 et 16 janvier, verra le fondateur et chef du FN depuis 1972, Jean-Marie Le Pen, passer la main. C’est à une véritable guerre de succession que se sont livrés Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, la fille du chef ne s’imposant pas comme son successeur « naturel ». Car si le programme politique est quasiment le même, ce sont en revanche deux stratégies très différentes qui s’affrontent violemment.

 


Marine Le Pen se veut l’artisan d’une stratégie de dédiabolisation, déjà perceptible en 2002 et mise en œuvre lors de la campagne présidentielle de 2007, qui avait fait grincer des dents en interne. Cette stratégie passe par la tentative de réappropriation de certains thèmes, notamment la question sociale : ainsi la défense opportuniste1 de la retraite à 60 ans lors de l’émission « À vous de juger » du 9 décembre dernier, mais aussi une remise en cause de « dogmes » du FN comme l’abrogation de la loi Veil. L’amalgame entre les prières musulmanes de rue et l’Occupation a à tort été interprété comme un « retour aux fondamentaux » et une remise en cause de cette stratégie : cette déclaration s’inscrit pleinement dans une réappropriation d’une (certaine) laïcité dans l’air du temps, affirmation « new look » du racisme traditionnel du FN…

 


Bruno Gollnisch a, lui, axé sa campagne sur les fondamentaux de l’extrême droite traditionnelle et lui assure de nombreux soutiens : catholicisme, lutte contre l’immigration, référence à peine masquée au pétainisme... autant de signes envers les exclus du FN de ces dernières années qui le soutiennent depuis l’extérieur, comme tous les grands titres de la presse d’extrême droite. Autre point d’achoppement majeur : la question d’un scénario « à l’italienne » (en référence à la Ligue du Nord) en cas de victoire de la fille (qui pour l’instant s’en défend), qui ouvrirait à moyen terme la possibilité d’une participation gouvernementale.

 


Quel que soit le résultat, l’antagonisme de ces deux stratégies de regroupement de l’extrême droite ainsi que le refus par Marine Le Pen du « ticket » proposé un temps par Gollnisch (lui prenant la présidence et elle pouvant prétendre à la candidature pour 2012) pourrait ouvrir la porte à une nouvelle scission et à une recomposition.

 


Dans le contexte de crises actuelles (économique, sociale, sociétale…) la résurgence de l’extrême droite (« institutionnelle » ou activiste) est une tendance lourde, renforcée par une radicalisation du discours et des politiques gouvernementales réactionnaires. Interpréter la victoire de l’un ou l’autre des concurrents comme un moindre mal, soit parce que l’une serait la garante d’une version « light » du FN, soit à l’inverse parce que l’autre serait un danger moindre en raison du caractère « repoussant » et minorant de son profil de facho « traditionnel » serait dangereux. Ce danger nécessite dans toutes les configurations, outre des réponses politiques justes à la situation et à la crise, la (re)construction d’une riposte unitaire et massive pour le combattre sur tous les terrains.


Alexandre Timbaud, Jacob Bastardo

1. Lire article dans Tout est à nous ! n° 83

Publié dans France

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