Clair, un virus mortel pour l’éducation...

Publié le par npa

educjmb.jpg

 

Le programme Clair pour les collèges et lycées, expérimenté depuis la rentrée 2010, constitue une véritable régression, tant pour ce qui est de l’éducation des élèves que des missions des enseignants.

Le programme collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite (Clair) est expérimenté depuis la rentrée dans 105 établissements appartenant à dix académies (Aix-Marseille, Amiens, Créteil, Lille, Lyon, Montpellier, Rouen, Strasbourg, Toulouse et Versailles). Annoncé par Luc Chatel à l’issue de la mascarade des états généraux de la sécurité à l’école au printemps dernier, son contenu a été précisé par une circulaire du 7 juillet parue au Bulletin officiel n°29 du 22 juillet. Clair est destiné à agir comme un « virus » mortel pour le service public d’éducation, et contre toute ambition conséquente dans le sens d’une politique d’éducation pour les jeunes des classes populaires.

Pseudo-expérimentation, vraie contamination...
Il importe d’abord de prendre conscience que sous prétexte « d’expérimentation » c’est en réalité à une généralisation rapide que le programme est destiné. Dès son introduction la circulaire indique que le programme sera étendu à la rentrée 2011. De plus, elle prévoit explicitement « la refonte de l’ensemble des régimes s’appliquant actuellement à l’éducation prioritaire » (circulaire du 7-7-2010, 2.3.5). Cela a été confirmé par le ministre dans son discours aux chefs d’établissement, le 21 octobre dernier : « Clair n’est pas un programme de plus mais a vocation, si le bilan est positif, à se substituer aux trop nombreux dispositifs, notamment en éducation prioritaire ».

Achever les ZEP, gérer les « ressources humaines »
Malgré toutes leurs limites, leurs ambiguïtés et faux-semblants, les Zones d’éducation prioritaire (ZEP) avaient fourni un point d’appui relatif à l’exigence de donner plus à ceux qui ont le moins. Cela s’est exprimé de manière importante dans des luttes telles que le mouvement des établissements de Seine-Saint-Denis en 1998 (« on veut des moyens, on est pas des moins que rien ! »). La définition des ZEP a été profondément mise à mal en 2006 sous le ministère Robien. Il s’agit désormais d’achever le processus en mettant définitivement en cause toute lutte globale en termes de moyens contre les inégalités en matière scolaire. Les établissements ciblés sont incités à rechercher la « performance éducative » à moyens constants, en innovant au niveau de « la gestion des ressources humaines » et en réduisant leurs ambitions éducatives aux limites étroites d’un prétendu « socle commun de connaissances ».


Contractualisation, objectifs imposés et management
Dans la logique des grandes réformes de structure mises en œuvre par la droite depuis 2002 (LOLF, RGPP), il est normal que les maîtres mots du programme Clair soient la contractualisation des établissements et des personnels et la soumission à des objectifs imposés. Le tout dans le cadre d’un renforcement des fonctions managériales des proviseurs et des inspecteurs. « Un contrat d’objectifs est signé entre les autorités académiques et le chef d’établissement [...]. Il décline un programme d’actions [...] et mentionne les missions confiées aux différents personnels dans le cadre de ce programme. Les autorités académiques prévoient un accompagnement par les corps d’inspection, avec notamment la désignation [...] d’un IA-IPR référent pour chacun des établissements Clair » (circulaire du 7-7-2010, paragraphe 4). Les obligations des personnels comme leur recrutement, sur profil, sont alors soumis à ce cadre contractuel. Une lettre de mission individualisée leur est remise pour trois ans définissant leur engagement. La circulaire précise : « Les personnels [...] qui n’adhèrent pas au nouveau projet seront encouragés [sic] à rechercher une affectation plus conforme à leurs souhaits » (circulaire 2.3.3). À cela s’ajoutent des règles d’avancement désormais encore plus largement soumise à l’arbitraire local et à une logique perverse de « résultats » (circulaire 2.3.4), et l’établissement d’une hiérarchie nouvelle avec la création d’une fonction de « préfet des études », véritable agent de maîtrise à la solde du patron.

C’est clair : il faut lutter !
L’espace manque pour analyser toutes les implications du programme Clair. Notamment en matière de statuts (soumission hiérarchique et méritocratie, précarisation, mobilité imposée...) et de missions (réduction des contenus enseignés, logique sécuritaire et de conformation, renforcement de la surveillance des familles...). Il importe de prendre collectivement la mesure de l’éclatement du service public d’éducation qu’engage Clair et d’en tirer au plus vite les conséquences sur le terrain unitaire. Et ce dès la rentrée de janvier dans le cadre des mobilisations à construire pour l’obtention de moyens pour l’éducation. Imposer le retrait de la circulaire Clair et l’arrêt de toute expérimentation, gagner des moyens en personnel, défendre et développer l’éducation prioritaire, tels doivent être nos axes de lutte fondamentaux.

Publié dans Services publics

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article