Pourquoi il ne faut pas co-gérer la région avec le PS par le biais des exécutifs ?

Cette question rejoint celle de la fusion technique et démocratique au second tour. On ne peut pas, au sein d'un même programme, appliquer et refuser les logiques libérales et capitalistes. Ce sont deux logiques inconciliables.

Contrairement à ce qui peut être dit, le NPA n'a pas peur de gérer une région, mais si il est majoritaire.

L'exécutif d'une région, c'est son gouvernement. Il est là pour appliquer les décisions prises à la majorité dans le Conseil régional. Accepter d'être à l'exécutif d'une région sans être majoritaire dans le Conseil régional, c'est donc accepter de mener une politique qui n'est pas la nôtre, mais celle du PS. C'est donc renoncer à notre indépendance vis-à-vis des politiques sociales-libérales et trahir le programme pour lequel nous avons été élus.

Penser pouvoir obtenir des avancées dans le cadre de l'exécutif revient à enduire d'une couche sociale et écologique les politiques libérales développées par le PS, tout en mettant en place ces politiques avec lui. C'est être co-gestionnaire et co-responsable de la politique sociale-libérale du PS. Les membres d'un exécutif régional, comme ceux d'un gouvernement, sont liés par la solidarité. Ils ont certes la liberté de parole, mais sur les actes et les votes, ils doivent s'aligner sur la majorité. Ils sont obligés de voter le budget qui entérine les choix politiques établis par le PS. Pour une petite avancée négociée dans les couloirs avec le PS, on met en place une multitude de reculs pour la population. C'est ce qui conduit par exemple l'adjoint municipal Dantal à critiquer la politique mise en oeuvre dans le CROUS et les Universités clermontoises (liberté de parole) pour ensuite s'abstenir au moment des votes cruciaux (alignement sur les choix de la majorité municipale) alors que les élus étudiants et salariés votent contre. Or, une politique de Gauche alternative n'est pas faite de paroles mais d'actes. Nous ne voulons pas être responsables de la politique du PS.

Vouloir co-gérer les exécutif avec le PS revient à détruire la prétention de construire une alternative à Gauche. Ce n'est ni alternatif politiquement ni historiquement. C'est vouloir construire une « alternative » vieille de plus de 20 ans qui a largement montré ses limites. C'est l'expérience « programme commun » ou Gauche plurielle. Cela fait plus de 20 ans que cette politique est menée, que ce programme est appliqué et si nous discutons aujourd'hui c'est, y compris, pour construire une alternative à cette expérience. On ne peut pas prétendre construire une alternative en proposant une recette vieille de plus de 20 ans.

Où est l'intérêt de vouloir présenter des listes alternatives et indépendantes du PS au 1er tour si c'est ensuite pour aller gérer les régions avec lui sur la base de sa politique ? Construire un rapport de force pour négocier dans un accord programmatique avec lui les couches de peinture sociales et écologiques qui enduiront son programme libéral ? C'est ne pas comprendre que ces couches de peintures dépendent du rapport de force et des marges de manoeuvres que la droite est en train de liquider. C'est trahir notre programme. C'est mettre en place des régions PS-PCF-PG-NPA. Autant s'allier avec lui dès le 1er tour, ce serait plus honnête vis-à-vis de nos électeurs.

Nous pensons au contraire que la Gauche de gauche ne doit pas avoir peur de son programme alternatif et ne doit pas avoir peur de le porter face au projet social-libéral du PS par le biais d'une opposition de gauche articulée au mobilisations sociales. Les quelques avancées que pourraient obtenir des élus de Gauche de gauche sans aucun rapport de force peuvent être gagnées par une opposition de gauche solide et des mobilisations sociales. C'est cette voie là que nous devons porter pour être fidèles à notre programme. Sinon, c'est croire que l'illisibilité d'un programme « social-libéral en rupture avec le libéralisme » et les seuls élus sont plus forts que la clarté et le mouvement social. Notre engagement quotidien ne part pas de ce postulat. La réalité démontre l'inverse.

Cette vision des choses n'est ni gauchiste, ni l'apanage du NPA. Des sections du Parti de Gauche, par exemple, ce sont déjà prononcés contre la co-gestion des régions avec le PS.
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